Plus le temps passe, et plus on se rend compte des difficultés de nos élèves avec le langage oral. Leurs difficultés en maths comme en français prennent leur source dans leur manque de vocabulaire et la pauvreté de leur syntaxe.
Le travail du langage oral faisait partie des objectifs de notre projet pour le dispositif « Plus de Maitre que de Classe », mais nous n’avons pas réellement réussi l’an passé à nous pencher sur le sujet. En effet, peu d’outils existent pour l’élémentaire, et le temps dévolu à cet enseignement est celui qu’on veut bien lui laisser…
Ma collègue de CE1 a travaillé avec l’outil « Compréhension » des éditions la Cigale, et a trouvé ce travail très riche pour ce qu’il apportait en langage, en réception comme en production. Des exercices type « Qui est-ce ? » posaient beaucoup de problème de syntaxe (je ne suis pas une fille et je n’ai pas de pull rayé, je n’ai ni une jupe, ni un pantalon…) tandis que les exercices de type « construction d’un modèle » dans lequel les élèves doivent placer des vignettes sur un paysage posaient des problèmes de lexique.
Pour cette année, on a décidé de mettre le paquet, et ce dès le début de l’année.
Les 3 premières semaines, les CP auront un atelier langage en groupe de 5, 3 à 4 jours par semaine. Sur un créneau d’une heure, la maitresse de la classe et moi-même prendrons chacune 2 groupes. Chaque groupe passera donc 5-6 séances d’1/2h avec chacune. En préparant ma séquence, je me rends compte que ça ne fait pas tant que ça, mais on verra déjà si nous sommes satisfaites de ce que nous avons fait, et comment on fait évoluer les choses passé cette période.
J’ai potassé les livres sur le langage en maternelle ou cycle 2 que j’ai trouvés à la médiathèque de l’IUFM, en particulier la bible du langage : Pédagogie du langage pour les 5 ans, de Philippe Boisseau.
J’avais envie de construire une séquence assez diversifiée, mais autour d’un même thème. Les connecteurs spatiaux me semblaient très importants à travailler. Je me suis donc lancée dans le thème des véhicules, sachant que j’arriverais peut-être à accrocher par là une petite bande de loulous pour qui l’école est un terrain hostile.
Nous rentrerons dans le thème par un Oralbum, un album en syntaxe adaptée pour l’oral.
Le principe : l’adulte « dit » l’histoire, en utilisant des tournures de l’oral, afin que les élèves s’en imprègnent et se les approprient. L’album choisi est ici plutôt un imagier, de la collection Gallimard Jeunesse, L’automobile. Plusieurs fois, les élèves écouteront l’histoire enregistrée, puis nous effectuerons des jeux type « recherche de la page », avant que les élèves en fassent une restitution collective, puis individuelle.
L’enregistrement viendra quand j’aurai le courage d’aller chercher le dictaphone à l’école…
Sur les temps d’autonomie, les élèves pourront jouer au bingo avec le lexique de l’album.
Un élève meneur piochera une étiquette, dira le nom, et le plus rapide à trouver l’image sur sa planche pourra poser l’étiquette.
J’en ai préparé 3 :
bingo lieux objets
bingo prépositions
bingo véhicules
Les images des positions viennent de chez Moustache.
Ensuite viendra une séance avec des véhicules en jouets (ba oui quand même, on va pas se priver, et puis ma maison en est pleine…). Bien sûr, cette séance sera prétexte à parler, et à réinvestir le lexique de l’oralbum. A l’issue de cette séance, on « immortalisera » le jeu dans un livre interactif : j’ai pris des photos des véhicules dans diverses configurations, et il faudra enregistrer une légende. Je ferai ce travail avec ma tablette et l’application Book Creator.
J’ai fait un essai avec mon fiston, ça lui a bien plu ! Le résultat est lisible sur le net en utilisant l’extension Readium de Google Chrome, ou en en faisant une recopie d’écran vidéo, mais on perd le côté interactif. C’est mon mentor de tablette Vairaunik qui explique ça très bien sur sa mine de site Doigtdecole.
Les séances suivantes se dérouleront autour d’un jeu que j’ai fabriqué : « A la campagne ». Il consiste en une planche paysage et des petites vignettes de véhicules et personnages à placer. Il reprend autant que possible le lexique exploité sur la séquence.
A partir de là, plusieurs jeux : j’écoute et je place, j’explique où placer, … Le but étant toujours d’employer le lexique positionnel et une syntaxe correcte.
Après avoir joué ensemble, les CP pourraient créer des consignes à faire réaliser aux CE1, et pour cela s’enregistrer.
jeu à la campagne étiquettes consignes et corrections
Bon, j’espère que tout ça tient la route, car mine de rien, ça m’a bien occupée de réfléchir sur ce domaine disciplinaire que je n’avais jamais exploré…
Ps: Pour donner une allure propre à un dessin à la main comme mon paysage, il faut suivre le tuto de Mysticlolly!