Ce petit article couve depuis 18 mois… En octobre 2014, à l’Université d’Automne du SNUipp, j’avais assisté à une conférence de Sylvie Cèbe et Catherine Martinet pendant laquelle elles avaient présenté cet outil de façon extrêmement convaincante (il y a une troisième collaboratrice, Greta Pilgrims). Vous présenter un ouvrage qui n’était pas encore disponible n’avait pas grand intérêt, mais maintenant qu’il apparait dans le catalogue de Retz et que la réflexion sur nos commandes commence, c’est le moment… Précisions : je n’ai pas eu le livre entre les mains car il ne sera disponible que dans quelques jours, et son contenu a peut-être évolué un peu par rapport à ce qui était prévu. Mais il est déjà noté dans mes commandes.
Si l’ouvrage est destiné aux élèves du CE1 à la 6ème, l’étude Lire Écrire CP*, basée sur une observation des pratiques réelles, éclaire sur le problème posé par l’enseignement de l’écriture et de la copie.
(Extraits du rapport)
Des tâches d’écriture sont proposées chaque semaine durant 2h23 soit près d’un tiers des 7h22 consacrées au lire-écrire. On observe que la part la plus importante du temps d’écriture est dédiée à la copie (34 % du temps d’écriture, 47 minutes hebdomadaires).
La copie est surtout pratiquée avec un modèle visible, que ce soit dans le cahier ou au tableau, par exemple quand les élèves copient les devoirs. Les classes qui en font le moins y passent en moyenne 14 minutes par semaine, celles qui en font le plus 90 minutes, soit six fois plus.
La copie différée en revanche est très peu pratiquée (entre moins d’une minute à 15 minutes maximum) et par la moitié des classes seulement.
L’analyse du lien entre les pratiques enseignantes de copie et les résultats des élèves en écriture montre que cette tâche a peu d’impact sur les performances.
Néanmoins, des résultats contrastés s’observent selon le niveau des élèves. Le temps passé à faire de la copie en classe n’a aucun effet sur les élèves de niveau intermédiaire ou fort. En revanche il a un effet négatif pour la sous-population des élèves les plus faibles de l’échantillon. Le lien entre le temps passé à copier et leurs performances sur le score global en écriture en fin d’année est tendanciellement négatif. Plus ils passent de temps à copier, moins ils progressent en écriture.
Un effet significatif et négatif s’observe chez ces mêmes élèves sur le score en copie à la fin de l’année. L’explication est assez simple. La tâche d’évaluation que nous avons utilisée était une tâche de copie différée, avec disparition de la phrase à copier, qui impliquait donc un traitement actif et stratégique de l’énoncé à mémoriser, par segments si nécessaire. Or, les élèves sont habitués en classe à copier avec un modèle toujours disponible sous leurs yeux mais pas avec un modèle qu’ils apprendraient à mémoriser. Lorsqu’une activité d’enseignement fait défaut, ce sont les élèves initialement faibles qui sont le plus pénalisés.
Si on en fait beaucoup et que ça n’a pas un effet positif sur les performances des élèves, c’est donc qu’on ne fait pas ça très bien… Qu’on ne sait pas faire ça très bien. Mais on avait jusque-là une très bonne excuse : manque d’outil, de formation (vous avez été formés ne serait-ce qu’une heure sur ce sujet vous ? Moi non…).
Cycle II écriture : Copier de manière experte
- Stratégies de copie pour dépasser la copie lettre à lettre : prise d'indices, mémorisation de mots ou groupes de mots.
Cycle III écriture : Écrire à la main de manière fluide et efficace
- Automatisation des gestes de l’écriture cursive.
- Entrainement à la copie pour développer rapidité et efficacité.
Pas très détaillé, mais clair…
Prendre conscience que vite est différent de bien, observer le maitre écrire, savoir comment les enseignants notent la copie, devenir familier de la « copie différée guidée », apprendre à faire confiance à ses yeux et ses oreilles…
Avec à chaque fois une séance pour apprendre une stratégie, et des autres pour l’entraîner.
Par exemple, le recours aux dérivés ou l’utilisation de l’orthographe illustrée :
(Ça, ça ne m’a jamais convaincue, mais je ne demande que ça…)
Les séances suivent un déroulement stable : rappel et introduction, activités, retour sur les activités, synthèse, et demain…
Tout au long de ces séances, la classe construit un poster avec les différentes stratégies.
Si vous voulez approfondir, il existe un article de Catherine Martinet dans le N°123 de l’ANAE (« Apprendre… oui mais comment ? » Des laboratoires aux salles de classe). Mais je pense, j’espère que le manuel sera assez fourni en théorie. C’est l’intérêt de ce type d’ouvrage : un vrai travail de recherche, qui vient se mettre au service de la pratique, la questionner, la nourrir, l’améliorer.
Les premières pages du manuscrit, pas très glamour mais ça donne une petite idée avant les vrais extraits mis en page (agrandir la vidéo).
Si je n'ai pas suffit à vous convaincre, un entretien avec les auteures suite à la conférence que j'avais suivie.
Message de Retz sur Facebook le 4/04: Pour répondre à vos demandes, l'ouvrage est parti en impression. Il sera disponible sur notre site dans 2 semaines et vous pourrez le trouver dans toutes les bonnes librairies à partir du 4 mai.
Edit: Les extraits sont parus, vous pouvez les trouver ici.
*Je ne m’aventurerai pas à vous présenter cette recherche intitulée : « Étude de l’influence des pratiques d’enseignement de la lecture et de l’écriture sur la qualité des premiers apprentissages », dirigée par Roland Goigoux, un article ne suffirait pas. Mais si vous ne l’avez pas déjà fait, allez regarder les vidéos de la journée de présentation, 30 minutes chacune, passionnantes et éclairantes, et indispensables pour les enseignants de cycle 2. Vraiment, allez-y ! Si vous préférez une première approche écrite, ce compte-rendu d’Isabelle Lardon sur le site du GFEN est très complet.
Si vous voulez lire le rapport de 450 pages, vous avez le droit aussi hein ! ;-)