Langage oral
Une première maitrise du langage oral permet aux élèves d'être actifs dans les échanges verbaux, de s'exprimer, d'écouter en cherchant à comprendre les apports des pairs, les messages ou les textes entendus, de réagir en formulant un point de vue ou une proposition, en acquiesçant ou en contestant.
[…]Les séances consacrées à un entrainement explicite de pratiques langagières spécifiques (raconter, décrire, expliquer, prendre part à des interactions) gagnent à être incluses dans les séquences constitutives des divers enseignements et dans les moments de régulation de la vie de la classe. Ces séquences incluent l'explication, la mémorisation et le réemploi du vocabulaire découvert en contexte.
Les compétences acquises en matière de langage oral, en expression et en compréhension, sont essentielles pour mieux maitriser l'écrit ; de même, la maitrise progressive des usages de la langue écrite favorise l'accès à un oral plus formel et mieux structuré.
Phase 1 : Remue-méninges
J’ai annoncé aux élèves le lieu de la prochaine histoire : un marché, et leur ai demandé de dire tous les mots qui leur venaient à l’esprit. Pour les aider, je leur ai posé les questions : Qu’est-ce qu’on peut voir au marché ? Qui est-ce qu’on peut voir ? Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Soit les mots sont présents sur les cartes proposées dans la mallette Anim’histoires, soit je les ai écrits sur des cartes vierges au fur et à mesure des propositions.
Pour réalimenter la proposition de mots, je leur ai présenté le poster.
J’avais anticipé les mots possibles, avec la liste fournie par l’outil ainsi qu’avec la liste de mots de Philippe Boisseau. Il a fallu que je donne certains mots qui n’étaient connus d’aucun élève.
J’ai ensuite demandé aux élèves d’apparier 2 mots de leur choix.
Les élèves circulent et relisent les mots, puis prélèvent les mots qu’ils ont choisis.
Ensuite, chaque élève présente ses 2 mots, en rappelle le sens et explique pourquoi il les a mis ensemble.
À chaque présentation, on valide ou pas l’appariement et on précise sa justification, puis tous les élèves recherchent dans les cartes restantes celles qui pourraient compléter la catégorie, et justifient leur choix. Les catégories se dessinent alors, et d’autres façons de ranger les mots apparaissent. Voici quelques associations qui ont été faites : payer/vendre, adulte/enfant, fruit/fruit de mer, carotte/poireau.
Afin de revoir encore le vocabulaire, j’ai proposé quelques devinettes aux élèves, qui pouvaient en proposer à leur tour.
Phase 1 : reprise du lexique
Définition : On rebrasse les cartes et on les redéfinit, précise le sens, illustre au besoin. À ce moment, mon smartphone est vraiment un allier de choc, nous offrant une banque d’image immédiatement accessible.
Catégorisation : Comment pourrait-on ranger ces mots, lesquels pourrait-on mettre ensemble et pourquoi ? Quel nom pourrait-on donner à leur « boite » ?
Les élèves proposent les regroupements et nomment les catégories en faisant appel aux mots étiquettes ou aux natures de mots : légumes, fruits, personnes, magasins, verbes, …
Amplification des catégories :
Pour chaque catégorie, quels mots pourrait-on ajouter ?
Mise en avant des familles : poisson, poissonnier, poissonnerie / fleur, fleuriste / boucher, boucherie / fromage, fromager.
Selon les sujets des différentes histoires de la mallette, on peut travailler sur les synonymes, les dérivations (les animaux et leurs petits pour l'histoire du zoo par exemple)...
Découvrir : Le poster, décor de l’histoire, est affiché. Les élèves le décrivent. J’insiste pour qu’ils utilisent au maximum le lexique des positions. C’est encore l’occasion d’utiliser le vocabulaire travaillé.
Compléter : Jeu du robot : on place les 3 figurines manquantes à côté du poster en les faisant nommer puis un élève joue le rôle du robot « bête et discipliné ». Les autres doivent lui indiquer le plus précisément possible où placer les figurines sur le poster. Le robot feint de ne pas comprendre et fait exprès de se tromper.
Je mène cette séance telle qu’elle est prévue par le guide du maitre. J’anime l’histoire en déplaçant, ajoutant, remplaçant les personnages à chaque étape. Lorsqu’ils ouvrent les yeux, les élèves découvrent la suite de l’histoire. La consigne est toujours la même : « Vous dites ce que vous voyez, puis vous direz ce que vous pensez, comprenez. »
Ils ont à disposition une trace du lexique organisé selon les catégories dégagées précédemment.
Cette séance est vraiment très intéressante, car elle permet d’utiliser le lexique en situation, de raconter une histoire et donc d’utiliser le langage dans sa dimension narrative, mais aussi d’avoir des échanges argumentatifs entre les élèves. En effet, la lecture d’image laisse une place à l’imagination, il arrive donc aux élèves, qui adorent ça, d’inventer des raisons d’agir aux personnages. Ils déploient alors tout un tas d’arguments pour convaincre les autres. J’ai répertorié sur un affichage les formules du type « Je suis d’accord avec … parce que… ».
Phase 1 : lecture du texte intégral
Je donne aux élèves le texte de l’histoire (texte présent dans le GDM) avec cette consigne : « On connait déjà l’histoire du marché avec les images, et on l’a racontée avec nos mots à nous. On va lire l’histoire que quelqu’un a écrite, et ça va nous apprendre de nouvelles choses. L’auteur a écrit des choses auxquelles on n’avait pas pensé.
Lisez, et faites une petite croix aux endroits où on apprend quelque chose de nouveau. »
Les élèves ont trouvé sans trop de difficultés les éléments apportés par le texte, car on avait déjà réalisé l’exercice plusieurs fois. La première fois, ce n’est pas simple. Par contre, ils ont eu beaucoup de mal à verbaliser ces découvertes. Il a fallu que je les guide beaucoup, en verbalisant plusieurs phrases avec eux, pour passer de « J’ai appris Fatou» à « Le texte nous apprend que la petite fille s’appelle Fatou».
Un élève lit une étape ; un deuxième vient placer, déplacer les figurines. Les autres commentent, valident les choix.
À la fin de la reconstruction, on revient sur les différents temps de l’histoire : Le début (personnages, lieu), le milieu avec l’évènement modificateur et les actions successives, et la fin. C’est quelque chose que l’on travaille également en langage avec la classe dans son ensemble.
Qu’aurait-il pu se passer d’autre à tel ou tel moment ? Et si … ?
Quand on invente une histoire, il faut garder à l’esprit que l’auteur est obligé de respecter quelques règles : cohérence, cohésion, mais aussi événement. S’il ne se passe rien, l’histoire n’est pas intéressante. Quand on demande : qu’aurait-il pu se passer ? Il faut que la création déclenche une histoire intéressante. Cette nécessité du créateur d’histoires est travaillée parallèlement en classe.
Les illustrations des différentes étapes de l’histoire ont été prises en photo (ou capturées sur le CD-Rom) ; Pour chacune, les élèves proposent une ou plusieurs phrases contant l’histoire et s’enregistrent. Je réalise cette séance grâce à l’application Book Creator sur tablette. Chacun son tour enregistre son passage, on l’écoute et le critique constructivement. L’élève peut alors reformuler sa proposition si nécessaire.
Cela permet d’adopter une distance critique par rapport au langage produit, compétence au programme. Les élèves entendent assez bien les erreurs des autres, mais ont plus de mal à repérer les leurs. Il faut quelques répétitions pour que cela soit le cas.
On obtient un livre d’image interactif que les élèves pourront réécouter.
Cette séance n’a pas encore été menée, pour cause d’explosion de l’emploi du temps en fin de période…
Les élèves doivent écrire l’histoire, je préfère pour ma part ne pas laisser les images visibles afin d’éviter l’inévitable légendage. Celles-ci peuvent éventuellement être fournies en cas de blocage.
Pour la production d’écrit, le lexique travaillé est donné, mais le choix est fait de ne pas ranger les mots par catégorie mais par ordre alphabétique. Cette disposition du lexique contraint à la lecture répétée de la liste entière, à une recherche du mot en se basant sur ses sonorités, et à une lecture du mot « jusqu’à la fin » pour ne pas confondre poisson, poissonnier ou poissonnerie par exemple. Notre dictionnaire orthographique Eurêka permet très bien cela, mais le lexique spécifique donné permet d’encourager le réinvestissement du vocabulaire.
Nous ne sommes pas ici dans une production d’écrit dont l’intérêt est l’invention et l’expression personnelle de l’élève ; il s’agit là de faire reformuler une histoire connue, en mobilisant le lexique. Les objectifs visés reposent surtout sur la forme (norme orthographique, ponctuation, organisateurs du discours) et la cohérence du texte.
Ces séances de langage sont très satisfaisantes, pour les élèves qui s’épanouissent vraiment dans cette activité, et pour l’enseignant qui mène. Mais des questions restent en suspens : les élèves progressent énormément dans les tâches de langage explicites. Ils font des phrases de plus en plus complexes et structurées, leur vocabulaire se précise. Cependant, le progrès dans les tâches « ordinaires » de la classe, lorsqu’il s’agit de mettre en mot une stratégie, un raisonnement, une trouvaille, est lent. Oraliser une pensée analytique, mettre un haut-parleur sur sa pensée est encore très compliqué. Nous nous posons avec ma collègue des questions sur cette difficulté : faut-il continuer à travailler l’oral intensivement de façon « décrochée » avec ces élèves ou faut-il attendre que les transferts se fassent avec le temps ?
Si vous souhaitez encore plus de détails, voici ma séquence, qui a une forme un peu intermédiaire, entre prep et journal de bord.
Anim'histoires marché séquence