L’année passée, je suis intervenue en GS en maths à partir de janvier. Au départ, il s'agissait de travailler les situations problèmes, en particulier en numération.

J’ai utilisé une première situation autour du jeu « Coloredo », ce qui m’a permis de cerner le niveau et les difficultés des élèves (dénombrement, comptine, stratégie, mémoire…). Ce jeu est très intéressant, car il est très simple de différencier en fabricant ses propres supports, et en adaptant les règles du jeu à chaque élève selon ses capacités. Une séquence assez semblable à celle que j’ai menée très bien expliquée chez Christine d’Objectif Maternelle.

J’ai vu assez rapidement que les élèves avaient recours au dénombrement uniquement (et pas toujours avec efficacité), et qu’ils n’utilisaient pas du tout les décompositions des nombres, ceci même pour les nombres inférieurs à 5. Or, comme je n’y connais pas grand-chose en maternelle a priori, j’avais potassé mes classiques et j’étais bien convaincue de l’utilité de la chose…

Petit point nouveaux programmes :

Stabiliser la connaissance des petits nombres

Au cycle 1, la construction des quantités jusqu'à dix est essentielle. […] La stabilisation de la notion de quantité, par exemple trois, est la capacité à donner, montrer, évaluer ou prendre un, deux ou trois et à composer et décomposer deux et trois. Entre deux et quatre ans, stabiliser la connaissance des petits nombres (jusqu'à cinq) demande des activités nombreuses et variées portant sur la décomposition et recomposition des petites quantités (trois c'est deux et encore un ; un et encore deux ; quatre c'est deux et encore deux ; trois et encore un ; un et encore trois), la reconnaissance et l'observation des constellations du dé, la reconnaissance et l'expression d'une quantité avec les doigts de la main, la correspondance terme à terme avec une collection de cardinal connu.

L'itération de l'unité (trois c'est deux et encore un) se construit progressivement, et pour chaque nombre. Après quatre ans, les activités de décomposition et recomposition s'exercent sur des quantités jusqu'à dix.

Autant vous le dire tout de suite, on n’est pas arrivé à 10, on est resté bien bloqué sur le 5… Donc rien ne sert de courir, mieux vaut partir à point. Si j’avais su, j’aurais commencé par travailler le 3, le 4 puis seulement le 5 au lieu de m’acharner. Je livre quand même ce que l’on a fait et les documents préparés, si ça peut être utile à quelqu’un…

J’ai utilisé 2 supports différents pour travailler autour de ce nombre fondamental.

Le premier est le jeu des lapins et des salades, tiré de Vers les Maths GS (ACCES). Je vous mets les photos du bouquin, mes collègues se sont assez moquées de mon bricolage et de mes petits lapins en pâte à sel…

Phase 1 : Les élèves peuvent se servir des salades pour trouver combien de lapins sont cachés :

Phase 2 : Il faut trouver le complément à 5 sans support visuel, et donc soit mémoriser ces compléments, visualiser la constellation 5, ou avoir recours à du matériel pour « jouer » les lapins.

Phase 3 : un peu plus d’abstraction, mais la situation reste la même, les élèves jouent par 2, l’objectif est de mémoriser les décompositions du 5 :

Phase 4 : Idem

Pour que les élèves puissent continuer à s’entraîner, jouer… entre 2 séances avec moi, j’ai fabriqué un petit livre à rabats, genre d’album à calculer :

Comme le jeu, on peut l’utiliser dans les 2 sens :

                                Salades apparentes, niveau facile.

 Sans repère, niveau plus difficile.

On vérifie la solution en tournant le rabat.

Le livre à imprimer en mode livret:  livre à calculer 5 lapins couverture caches

livre à calculer 5 lapins

 J’ai terminé la séquence par un petit exo/trace écrite, dans lequel il faut coller le bon nombre de lapins pour faire 5.

livre à calculer 5 lapins trace écrite exercice

Le second support utilisé est l’album « Le cinquième », de Norman Junge et Ernst Jandl, dont il existe une exploitation dans l’ouvrage « Découvrir les quantités et les nombres avec des albums » du Scérén.

Dans cet album, 5 jouets abimés patientent dans une salle d’attente. Ils rentrent puis sortent chacun leur tour, et au fur et à mesure la salle se vide. Le texte se répète : « Le troisième entre/restent deux/la porte s’ouvre/le quatrième entre… ».

Le livre permet de travailler, avec beaucoup de langage, autour du vocabulaire ordinal, des notions de reste (chaises pleines) et de manque (chaises vides), des compléments à 5 (il y a toujours 5 jouets, 3 réparés/2 cassés…).

On a pu jouer avec les images des personnages : « S’il reste 3 personnages dans la salle, combien sont déjà réparés ? »...

J’ai préparé 2 petits jeux d’appariement, avec dans le premier les personnages sur les chaises et les chaises vides, et dans le second les personnages isolés, placés en constellation.

jeu le cinquième

Je termine très très vite cet article avant de retrouver les petits GS de l’an passé devenus des grands CP demain et me rendre compte qu’ils ont tout oublié !

Edit: La suite des aventures (en début CP) dans cet article: Les premiers nombres et les compétences de base en mathématiques.